King Arthur
Souffle au cœur
À quoi bon briquer si l’on peut tout raser ? Lorsqu’il s’agit de dépoussiérer les mythes britanniques, Guy Ritchie troque volontiers son balai pour un bâton de dynamite. Cette entreprise de déconstruction, Sherlock Holmes en fut la première pièce. En piochant ici et là des éléments dans l’œuvre de Conan Doyle, le réalisateur offrait une vision rock’n’roll du détective de Baker, loin du chic deerstalker, bien plus proche d’une bouteille de rhum. Sept ans plus tard, la crasse et la gouaille sont toujours là, plus que jamais moelle de ce Roi Arthur.
Aux cardiaques et aux fragiles, nous ne conseillerons pas La Légende d’Excalibur, vision haletante de l’épopée arthurienne. 126 minutes de courses, galops et bourre-pifs, des bas-fonds de Londres aux paysages sauvages du nord, le tout emballé dans un montage nerveux si cher et particulier à Ritchie. Œil pour œil, dent pour dent, à ce cocktail explosif, Daniel Pemberton répond avec un direct du droit, une bande originale survoltée qui transforme le jogging dominical en une séance effrénée.
120 battements par minute
Coller à cette urgence en se servant du souffle, c’est l’idée de Daniel Pemberton, explorateur dans l’âme. Saccadé et puissant, le compositeur l’utilise d’abord comme boite à rythme, accélérant parfois le pouls de sa musique pour une séquence épileptique (Growing up Londinium) ou accompagnant une course éreintante dans Londres (Run Londinium). Poussée dans ses retranchements, cette trouvaille donne Assassin’s Breathe, morceau majeur, mélange de souffle et tintements de pièces (à la Money d’un Pink Floyd), écho d’une scène où Arthur prend définitivement possession d’Excalibur.
Défouloir géant, le film permet à Pemberton de gonfler les muscles et d’accompagner avec puissance l’ascension de notre personnage, des bas-fonds de Londres au sommet d’une tour. Le score ouvre d’ailleurs sur un souffle guerrier, From Nothing Comes a King avant d’introduire le thème d’Arthur au son marqué d’une vielle à roue. Frappées, frottées, triturées, les cordes sont d’ailleurs à la fête, utilisées autant pour la thématique (l’épiqueThe Born King !) que pour la rythmique (Jackseye’s Tale).
Éprouvant (The Darklands notamment), peut-être trop généreux avec ses 32 pistes, King Arthur apporte néanmoins son lot de douceur. Le tenu Revelation et surtoutThe Lady in the Lake (étrange mélange entre le Rush de Zimmer et Clubbed to death de Dougan) permettent de garder pied, tout comme les pistes chantées The Politics and the Life etThe Devil & The Huntsman. Fascinant dans son approche, Daniel Pemberton n’en oublie donc pas la forme. En somme, du souffle et du cœur.
Le Roi Arthur: La Légende d’Excalibur, bande originale de Daniel Pemberton à retrouver en physique et numérique sur toutes les plateformes.