Chroniques

Le Chasseur et la Reine des Glaces
Force tranquille


Par Hubert Charrier 9/07/2017

Maître enchanteur d’Hollywood, James Newton Howard a fait du fantastique et du merveilleux son incontestable royaume. King Kong, Peter Pan, Maleficent ou dernièrement The Fantastic Beasts, le compositeur américain aborde chaque nouveau projet avec une fraîcheur juvénile, y insufflant bien souvent un nécessaire supplément d’âme. La réussite du plaisant Snow White and The Huntsman reposait ainsi beaucoup sur sa musique et c’est donc impatient, que nous guettions sa suite, The Huntsman: Winter’s War.

On pourrait s’y tromper avec ce titre belliqueux mais The Huntman: Winter’s War se montre plus tendre que son ainé. Exit la sauvage Blanche-Neige et sa conquête du trône, l’histoire se recentre sur le chasseur et son passé, où s’invite la délicieuse Jessica Chastain et la froide Reine des glaces. Simple et manichéen, le scénario laisse tout le loisir à Cédric Nicolas-Troyan de déployer une esthétique forte, tout en dualité, parfois à la limite de la réclame de luxe, mais jamais stérile.

Classique et efficace

La recette, James Newton Howard la maîtrise depuis longtemps et si le personnage change, la méthode reste. Le morceau introductif The Huntsman répond directement à celui du premier volet, Snow White, avec à nouveau, une mélodie au cor en guise de mise en bouche. Le thème perd en magie ce qu’il gagne en profondeur avec une construction certes plus classique, mais davantage malléable et donc profitable au score. Quand les cordes et les cuivres exploitent à merveille la mélancolie et la noblesse du chasseur, renforcées avec talent et malice par les percussions martiales et une pointe d’électrique, dans l’emballant The Children Arrive, la flûte sert, elle, la relation amoureuse entretenue avec Sara. D’une fraîche baignade au clair de lune (You Shouldn’t Walk in Shadows) à une empoignade à la flambée (We are Worthy of Each Other), l’écriture du compositeur se dépouille et vise au cœur.

Le chœur, justement, il en est aussi question. Dans sa version latine et a cappella, il accompagne avec à-propos les obsèques du roi (Lacrimosa) et impose sa présence pour le reste de l’écoute. Dans l’action, il soutient l’excellent The Goblin Fight, morceau musclé parfaitement ciselé. Surtout, on le retrouve dans l’une des plus intéressantes pièces de l’album, Ravenna Returns. Dans cette impressionnante séquence, Charlize Theron reprend vie sous nos yeux, l’or se muant en chair. Aux couleurs sombres et profondes caractéristiques de la maléfique reine s’ajoute une deuxième partie au violoncelle absolument magnifique, décuplant la fascination qu’exerce Ravenna sur sa sœur.

C’est d’ailleurs l’un des légers reproches que nous pourrions faire à The Huntsman: Winter’s War, Freya s’effaçant un peu trop à l’écran et sur la partition, vampirisée par le charisme du reste de la troupe. Peut-être moins aventureux dans sa conception mais bien plus solide que son ainé, la composition de James Newton Howard reste pourtant un remarquable exemple du savoir-faire de l’américain, jamais aussi à l’aise et élégant que dans l’imaginaire.

The Huntsman Winter’s War, bande originale de James Newton Howard, à retrouver en physique chez BackLot Music.